1) DEFINITION DU BRAILLE :
Parmis les moyens de communication offerts aux déficients visuels, le Braille qui est à la fois le mieux et le plus mal connu du grand public. On sait qu'il s'agit d'un procédé de lecture tactile pour aveugles, sans pourtant pouvoir préciser davantage sa nature et ses conditions d'utilisation.
Or, cette technique émane d'un ingénieur, officier de cavalerie, Charles BARBIER de la SERRE, qui avait mis au point un procédé d'écriture en relief des sons, pour permettre la transmission sans bruit de messages aux armées, la nuit ou dans l'obscurité. Il proposa en 1820 sa méthode à l'institution royale des jeunes aveugles de PARIS. Louis BRAILLE, en 1829, perfectionna ce système, en faisant correspondre une lettre à une forme, et en réduisant le nombre de points en relief, utilisés pour produire chacune des formes.
Ainsi, le Braille est l’alphabet qui permet aux aveugles d'utiliser le sens du toucher pour la lecture. La version définitive de cet alphabet date de 1837. La cellule braille, représentant un caractère, est formée de six points actifs ou non, ce qui donne un caractère. À chacune des lettres de l'alphabet correspond un agencement de points braille, ainsi qu'à chaque caractère accentué et signe de ponctuation. Malheureusement, bien que l'alphabet standard soit à peu près normalisé, les caractères accentués varient d'une langue à l'autre. Nous nous concentrerons ici sur le Français.
La représentation du braille est faite sur un papier spécial épais à l'aide d'une règle et d'un poinçon ou d'une imprimante braille. Toutefois, ce type de représentation n'est pas très commode pour afficher du braille à l'écran ou sur papier ordinaire. Dans le cas de documents au traitement de texte, tels Word ou WordPerfect, on utilise une fonte braille qui fait correspondre une cellule avec un caractère ASCII. Pour ce qui est de LATEX, un package affichant les cellules comme des images est disponible sur le Web.
Le système braille est un système d'écriture et de lecture à partir de points en relief.
Ces points, au nombre de six, forment une matrice de deux lignes et de trois colonnes. La présence ou l'absence de ces six points dans les six emplacements de la matrice aboutit à 63 combinaisons différentes. Ce qui permet, en français, de représenter les lettres de l'alphabet, les signes accentués, la ponctuation et les chiffres (1) . L'ensemble de la cellule Braille mesure de six à sept millimètres de hauteur et de trois à quatre de largeur. Elle peut donc être identifiée, "lue" par le pulpe du doigt.
Et puisque le formatage braille répond à des règles précises, le simple affichage de caractères braille ne suffit pas. Le logiciel Duxbury Braille Translation (DBT) constitue un traitement de texte spécialisé comportant des fonctionnalités braille. Il est en mesure d'importer des fichiers textes ASCII comprenant des commandes de formatage ou des documents issus d'un traitement de texte.
On peut aussi représenter une lettre braille par ses points actifs dans la cellule. Par exemple, la lettre m est représentée par les points 1-3-4. Le tableau 1 montre la position des six points.
Le tableau 2 montre quant à lui la correspondance entre les différents caractères, les symboles braille et les caractères de la fonte braille utilisée dans la thèse de Carmen Fontaine.
Dans ce tableau, certains caractères ne correspondant à aucun caractère alphabétique ont reçu des valeurs arbitraires.
Tableau 1: Numéro des points braille dans la cellule
1 4
2 5
3 6
Tableau 2: Alphabet braille classé par séries et incluant les symboles réels, leurs correspondants
dans la fonte braille de la thèse de Carmen Fontaine et les agencements de points braille, respectivement.
Série 1:
a b c d e f g h i j
a b c d e f g h i j
Série 2 :
k l m n o p q r s t
k l m n o p q r s t
etc…
Les caractères sont classés par séries de façon à faciliter l'apprentissage. La première série de dix caractères constitue la base pour toutes les autres. Les séries ne sont toutefois pas nécessaires pour appliquer les règles de l'abrégé. La lettre w est dissociée des autres pour des raisons historiques uniquement.
L'avant braille:
La première tentative d'écriture perceptible par les aveugles fut celle crée par le savant professeur arabe Zain-Din Al Amidi.
Ce savant aveugle inventa au 14ième siècle un système lui permettant de classer ses documents et se résumer certaines informations.
Plusieurs autres tentatives furent faites comme celles de Francisco Lucas de Saragosse, en 1517, de Rampansetto de Rome, vers 1575, de Pierre Moreau de Paris, en 1640, de Georges Harsdorffer de Nuremberg, en 1651, du Père Lana, en 1670, de Terzi, vers 1676.
Cependant elles échouèrent toutes car elles étaient trop complexes et il n'existait aucune école ou organisation qui aurait permis leur perfectionnement et leur diffusion.
Une autre tentative intéressante fut celle de Valentin Haüy qui proposa aux étudiants de la fondation qu'il créa en 1784,un système d'écriture qui reproduisait les caractères latins en relief sur du papier.
Malheureusement cette écriture s'avéra peu pratique et très difficile à déchiffrer.
La tentative suivante a abouti au langage précurseur du braille.
Le précurseur du braille ou la contribution de Charles Barbier de Serre:
Nicolas marie Charles Barbier de Serre de son nom complet était un officier de l'armée française et inventeur à ses heures.Il inventa un langage relief en 1808 qui permettait aux officiers de communiquerde manière silencieuse pendant la nuit.Ce langage fut appelé sonographie ou langage nocturne.
Plus tard Charles Barbier se rendit compte du fait que son langage pouvait être utile aux personnes atteintes de cécité,aussi le modifia-t-il et le proposa à l'institution des jeunes aveugles en 1819.
Malheureusement son langage s'avéra être très complexe et difficilement utilisable par les aveugles.
En effet les caractères de ce langage étaient trop grands car constitué d'une matrice de 6 lignes et de 2 colonnes de points.
De plus le langage de Barbier était purement phonétique et permettait de représenter jusqu'à 4000 caractères.Loin de se décourager toutefois,les membres de l'institution des jeunes aveugles décidèrent d'améliorer ce langage afin de le rendre plus pratique.
La solution vint d'un jeune aveugle du nom de Louis de Braille.
Louis de Braille et l'invention du Braille:
Louis de Braille est né le 4 janvier 1809 à Coupvray en Seine-et-Marne.Il perdit définitivement la vue à 5 ans à la suite d'un accident qui l'a atteint à un oeil à l'âge de 3 ans. Cet oeil s'infecta et l'infection gagna l'autre oeil se qui entraîna une cécité chez le jeune Louis.Membre de l'institution des jeunes aveugles âgé de 16 ans, lorsque Charles Barbier offrit son langage à la dite institution, Louis de braille fut ravi de l'apparition de ce langage.Il fut l'un des jeunes aveugles qui s'attela à l'amélioration de ce langage.
Toutefois si Braille s'est fortement inspiré du langage de Barbier ,le langage qu'il créa est suffisamment différent de la sonographie pour que de Braille en est tout le mérite.
En effet le langage inventé par Braille est bien plus simple et plus logique.
De plus ce langage est alphabétique contrairement à la sonographie qui elle est phonétique.
Enfin ce langage est suffisant pour l'expression écrite fondamentale de la pensée.Il ne compte que 63 caractères dont chacun est une matrice de 3 lignes et 2 colonnes de points en relief.
Ce langage avait quasiment atteint sa forme définitive en 1825 alors que Louis de Braille n'avait que 16 ans. Le premier exposé sur cette nouvelle méthode d’ériture paru en 1829 et s’intitulait :
« Procédé pour écrire des textes littéraires, la musique et les mathématiques au moyen de points en relief à l'usage des aveugles »
La forme définitive du braille sera obtenue en 1837.
Le braille ne sera toutefois officiellement reconnue qu’en 1854 , donc 2 ans après la mort de Louis de Braille.Ce dernier mourut en 1852 de la tuberculose.
C’est également en 1854 que le braille fut diffusé à l’extérieur de la France.
Evolutions du braille:
Le braille fut adapté dans différents pays .
Plusieurs systèmes concurrents virent même le jour comme le braille américain aussi connu sous le nom de wait.Cependant en 1878 au Congrès Universel pour l'Amélioration du Sort des aveugles que le braille qu’il fut fortement suggéré d’adopter le braille pour tous les pays.
Toutefois c’est l’invention de la première machine à écrire braille par Frank Hall à la fin du 19ième siècle, qui permit au braille de triompher du Wait qui était son principal concurrent
notamment aux Etats-Unis.
Le braille fit son apparition dans les pays de langues non européennes en 1870.Cependant les adaptations aux alphabets locaux ressemblaient plus à des bricolages qu’à autre chose. Une indispensable uniformisation fut confiée au conseil Mondial du braille (créé en 1952) par l’Unesco.
Egalement vu l’importance en volume des documents rédigés en braille, il fut nécessaire de créer des abréviations pour le langage braille.Les premières abréviations braille furent créées par Louis de Braille lui-même en 1825.
La première version de braille abrégé fut créé après 1878 et remplacée en 1882 par une nouvelle version publiée par Maurice de la Sizeranne. Cette version de l’abréviation orthographique du braille français permettait des assemblages de mots et de symboles. Elle est encore utilisée de nos jours en France et dans la plupart des pays francophones.
L’abrégé orthographique étendu fut créé par une commission franco-américaine En 1923. Il fut amélioré en 1951 puis en 1955 par d’autres commissions Franco-américaines.
L'abrégé orthographique étendu réduit de 40% la longueur des textes.
Les chiffres actuels de l’abrégé:
- 48 mots remplacés par un signe,
- 202 mots remplacés par 2 signes qui n'ont pas de dérivés,
- 190 mots remplacés par 2 signes qui ont eux des dérivés
Enfin avec l'émergence de l'outil informatique, de nouvelles formes du braille furent créées connues sous le nom de codes braille informatique.
Dans la foulée une extension du braille sur 8 points fut créée mais elle n'est pas encore standardisée notamment à cause de la réticence des utilisateurs potentiels craignant d'avoir à réapprendre un tout nouveau système.